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Qui croit en son destin le réalise

Gaston Monnerville
au côté du
Président Charles de Gaulle

Il était une fois un petit garçon prénommé Gaston. Il vivait à Cayenne entouré par l’amour de ses parents Marc Saint-Yves et Marie-Françoise. Sa famille n’était pas pauvre bien qu’elle fut originaire de la Martinique où son grand-père connut l’effroyable esclavage et son abolition.

 

En ce temps-là, il était rare qu’un homme noir s’affranchisse avec autant de brio de sa condition plus que modeste. Mais le petit Gaston était de ceux qui croient en leur potentiel infini. Il nourrissait dès son plus jeune âge des valeurs humanistes et républicaines que l’école laïque lui avait transmises. C’est ainsi qu’il quitta à l’âge de 12 ans sa Guyane natale pour s’établir à Toulouse. Aussi doué pour les sciences que pour les lettres, il obtiendra de nombreux prix dès sa seconde et les classes qui suivirent (Prix d’excellence, inscription au tableau d’honneur, premier prix en Mathématiques, en anglais et en espagnol…). En bref, c’est l’élève à avoir auprès de soi quand on ne connaît pas sa leçon.

Il obtint une double licence de Lettres et de Droit, puis avec le plus grand des aplombs remporta un doctorat en Droit appuyé par une thèse saluée par ses pairs. Mais son succès sera endeuillé par le décès de son père. C’est seulement un an plus tard qu’il pourra se recueillir sur sa tombe.

 

La carrière d’avocat du jeune Gaston commence au barreau de Toulouse et se poursuit dès 1921 à Paris. Il est conscient qu’il doit s’imposer dans cette profession et ressent une grande fierté en travaillant avec l’un des ténors du palais, César Campinchi à qui il voue une admiration sans égal.

De cela naîtra une grande amitié.

 

Gaston est de ces hommes prudents et respectueux de ses pairs, de la hiérarchie. Il s’emploie à être introduit dans les cénacles parisiens. Il se construit un réseau de relations déterminantes pour la suite de sa carrière d’avocat, puis de celle d’homme politique français.

 

A 24 ans, Il est déjà connu pour ses plaidoiries mises en valeur par la maîtrise de ses dossiers, par son opiniâtreté, par sa voix grave et un langage précis donnant vie à ses plus ardentes convictions.

 

Courant 1921, Maître Monnerville adhère au Parti Communiste comme beaucoup de jeunes coloniaux de l’époque. Bien vite, il comprend que ses positions   politiques ne correspondent guère à ce parti. Après son installation à Paris, il adhère au parti républicain radical et radical-socialiste. Ces deux partis avaient fusionné vingt ans plus tôt pour répondre au besoin d’une action commune.

 

Il épouse à Aix-les-Bains le 11 septembre 1923 l’amour de sa vie, rencontrée 5 ans plus tôt. Thérèse Pauline Lapeyre est une jeune fille de bonne famille originaire de la Haute-Garonne.

Cette même année il est reçu au concours des secrétaires de la conférence des avocats à la Cour d’appel de Paris.

 

Après avoir plaidé de nombreux procès, il est ramené à la réalité coloniale de sa terre d’origine lors du procès à Nantes des Cayennais inculpés pour des émeutes après la mort de Jean Galmort.

 

Le jeune Gaston, âgé de 32 ans n’a pas oublié ses origines. D’ailleurs il a toujours envoyé des missives et demandé des nouvelles de sa famille et de ses proches restés là-bas, de sa mère revenue sur sa terre natale martiniquaise et de son frère Pierre, installé en Guadeloupe en tant que médecin des colonies.

 

Il garde le souvenir que durant sa scolarité cayennaise, il participait au vaste cortège des Loges maçonniques et du service de l’Instruction publique pour la célébration de Victor Schœlcher. Les Francs-maçons prononçaient un discours qui allait conduire le jeune Gaston à son destin.

Né le 22 juillet 1804 à Paris, Victor Schœlcher fait de brèves études au lycée Condorcet.

 

Il est heurté par l’esclavage, quand son père l’envoie aux Etats-Unis, au Mexique et à Cuba comme représentant de l’entreprise familiale.

Dans un article de la « Revue de Paris », il décrit la situation inhumaine que vivent les esclaves.

En France l’esclavage avait été aboli durant la Révolution française, mais Napoléon 1er le rétablit en 1802.

 

Il dira : « l'homme noir n'est pas moins digne de la liberté que l'homme blanc »… « L’esclavage des nègres est une injure à la dignité humaine, parce que l'intelligence de l'homme noir est parfaitement égale à celle de l'homme blanc ».

 

De nombreux combats seront nécessaires avant que son rêve d’abolition puisse prendre corps.

 

Sous la présidence de Lamartine à la Commission d’abolition de l’esclavage, Monsieur Schœlcher abolit définitivement l’esclavage en France (décret du 27 avril 1848).

 

Les paroles de Monsieur Schœlcher résonnèrent encore et encore :

 

« Nulle terre française ne peut plus porter d’esclave ».

En 2008 ce fut un raz de marée quand le favori du parti démocrate aux Etats-Unis d’Amérique fut nommé Président de cette grande nation. Le président Barak Obama a fait ce qui était encore inenvisageable dans ce grand pays dix ans auparavant.

Un président noir à la tête du pays le plus puissant du monde

 

Mais savez-vous qu’en France nous aurions pu dès 1953 avoir un président noir ?

 

Gaston Monnerville vous connaissez ?

 

Le parcours exceptionnel de Gaston Monnerville

 

1932 à 1940 : député de la Guyane

 

1935 à 1940 : maire de Cayenne

 

1937 à 1938 : Sous-secrétaire d’Etat aux Colonies

 

1946 et 1947 : vice-président du Conseil de la République

 

1946 et 1974 : sénateur du Lot

 

1947 à 1958 : président du Conseil de la République

 

1949 à 1970 : conseiller général du Lot

 

1958 à 1968 : président du Sénat

 

1959 à 1960 : président du Sénat de la Communauté

 

1964 à 1971 : maire de Saint-Céré (Lot)

 

1974 à 1983 : membre du Conseil Constitutionnel

Suite à l’affaire Galmort où il s’illustre avec brio en retournant à son avantage un procès qu’on dit perdu d’avance, Maître Monnerville est élu Député de Guyane.

 

En juin 1939, il est engagé volontaire et participe à la Résistance.

 

Dès la Libération, Monsieur Monnerville siège à l’Assemblée consultative provisoire.

C’est sous son impulsion, en 1946 que les quatre vieilles colonies (Guadeloupe, Martinique, La Réunion et la Guyane) deviennent départements d’outre-mer.

 

La suite de sa carrière est aussi exceptionnelle qu’incroyable.

 

À tout juste 50 ans, il est le plus jeune Président de la Haute Assemblée. La tradition sous la troisième et quatrième République est d’élire le président du Conseil de la République (ancien Sénat).

 

Gaston Monnerville aurait pu accéder à la présidence de la République française dès 1953 mais dans une élection plus que rocambolesque on lui préféra René Coty.

Sa couleur de peau lui a t-elle été fatale ?

 

Gaston Monnerville conserve son mandat à la présidence de la Haute Assemblée. Il est président du Sénat jusqu’en 1968.

 

Il est frustré car à quelques mois près il aurait été Président de la République française par intérim.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par deux fois il aura raté la plus haute fonction de notre République.

 

La France aurait certainement eu un autre visage aujourd’hui, car assurément cet homme avait le profil pour amener un nouveau regard sur notre belle nation.

 

Gaston Monnerville meurt en 1991 à l’âge très respectable de 94 ans.

 

Il est vraiment navrant de ne jamais entendre parler de cet illustre personnage qui traversa le 20ème siècle avec la  témérité d’un cœur,

ni noir, ni blanc, juste humain.

 

Trop peu de reportages ou d’articles lui sont consacrés.

Il demeure inconnu pour la majorité de nos contemporains.

 

Moi il me donne envie d’écrire un scénario...

 

César Campinchi et Gaston Monnerville collaborent durant 8 années.

Il est né en Corse-du-Sud en 1882. Etudiant, il est militant associatif, puis devient avocat et Garde des sceaux sous la IIIème République.

Il s’éteint en 1941 à Marseille.

 

Sa citation la plus connue demeure :

 

« Quand on a été putain ou ministre, on a droit au titre toute sa vie. »

Article de Ciéli
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